projet île Tristan


Selon Luc Gwiazdzinski Yann Kersalé " traverse la nuit comme on traverse la mer en se laissant envelopper par le mystère ". Nuit, mer, mystère. Autant de mots clés pour aborder le projet de l'île Tristan, autant de pistes pour comprendre l'idée de cette exposition. Etudiants et artistes rassemblés autour de deux thèmes: la céramique et la lumière. Six propositions différentes parmi lesquelles j'ai choisi de mettre en oeuvre une installation qui rassemble ces deux matières, lumière et céramique, et des bandes de polyéthylène, issues de sacs à poubelle déchirés, ou de films d'emballage.

Les bribes de matière plastique composent une architecture se propageant dans une pièce du fortin, depuis l'entrée de la cave. Cette matière d'origine pétrolière destinée à l'emballage d'objets ou à la collecte des déchets est assemblée ici pour souligner la présence problématique des sacs en plastique sur les plages et dans les océans. Nul n'est sans en ignorer les conséquences néfastes sur la nature et plus directement sur la faune marine. Cet assemblage aurait pu tout aussi bien avoir été créé par un animal ou un insecte, à l'image d'une araignée ayant tissé sa toile entre les murs, ou comme des oiseaux construisant leur nid à l'aide de matériaux récupérés ici et là. Une dizaine de cocons, pendus ou prisonniers, sont liés à la structure. Ils sont en porcelaine, et émaillés de façon à réfléchir la lumière. J'ai créé ces pièces à partir d'une forme première mais avec une couverte à chaque fois différente, à partir de tissus et de fibres donnant à ces pièces un aspect proche de celui des feuilles de plastiques utilisées pour l'installation. L'effet d'amalgame renforce la sensation d'une conception animale. Le regardeur peut se demander si ces choses sont des cocons, liés à l'origine de la forme elle-même, ou des victimes de la structure, comme piégées à l' intérieur. Evocation du mystère, du visible et de l'invisible. Jeu entre ce que l'on voit et ce qui est juste suggéré. J'ai choisi de faire baigner la structure dans un halo afin qu'elle dégage une atmosphère mystérieuse et vibratoire. Bain de lumière évoquant une image arrêtée, bloquée dans le temps, mais avec quelque chose qui continue d'opérer, dans le non visible. Idée d'une temporalité qui semble différente de notre perception ordinaire, presque figée dans ce regard nocturne.  La lumière se dégage de la structure, mais faiblement. Elle dévoile à peine ce quelque chose en train de se passer, sauf par endroits, là où cette lumière douce se télescope avec celle, plus vive, qui se réfléchit entre les cocons.

Je poursuis ici un travail basé sur le recyclage et la réappropriation de matériaux divers. J'ai choisi pour ce projet l'occupation du lieu à l'image de l'animal utilisant les matières qu'il déniche dans son environnement pour construire sa demeure. N'aura-t-il un jour plus que des sacs en plastique à sa disposition? Je pense à Hubert Duprat et à ses insectes bâtisseurs devenus joailliers et me demande comment la nature saura ou non s'acclimater de tout ce que nous lui imposons avec nos déchets. Je revisite ici les notions d'organique, de propagation et de prolifération très souvent liées à mes préoccupations plastiques. La recherche sur la forme du cocon et l'exploration de ces différentes notions me permettent de me rapprocher d'artistes telles que Louise Bourgeois et Marya Kazoun. J'ai tenté de traduire de manière personnelle une idée de mystère telle qu'elle m'est apparue en élaborant ma proposition pour ce projet d'exposition sur l'île Tristan.











                                                                       cocon, émail


                                                                sortie de four











Premiers cocons, avant cuisson.
Cocon (pâte crue, toile de jute)
cocon porcelaine
détail

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